PANCATANTRA

PANCATANTRA
PANCATANTRA

PAÑCATANTRA

Depuis les temps les plus archaïques, contes et fables tiennent une place importante dans les diverses littératures indiennes. C’est que l’apologue, la parabole, la comparaison jouissent dans la tradition de l’Inde d’une plus grande faveur que la démonstration. On a donc toujours affaire à des récits relativement brefs dont le déroulement est fonction de la morale qui apparaît au début ou à la fin du texte. De plus, la forme habituelle est «à tiroirs»: une histoire sert de cadre à toute une série de contes qui s’emboîtent les uns dans les autres à la manière des poupées russes. Il s’agit en fait d’assurer l’unité du recueil qui doit apparaître comme une œuvre cohérente, non comme une simple collection de morceaux juxtaposés. Les plus anciens de ces recueils sont, d’une part, la J takam l (Guirlande des vies ), œuvre en p li où sont relatées les vies des personnages (hommes et animaux) qui devaient finalement devenir le Buddha «historique», d’autre part, le Pañcatantra . Ce dernier est, très probablement, le plus ancien des deux puisqu’on le situe aux tout premiers siècles de notre ère, alors que la J takam l daterait du Ve siècle au moins sous la forme dans laquelle elle nous a été conservée. Il est d’ailleurs remarquable que, malgré la faveur dont jouissait alors le bouddhisme dans l’Inde du Nord, ce soit justement le Pañcatantra qui ait été traduit en des langues étrangères et massivement diffusé hors de l’Inde. D’abord traduit en pehlevi pour le compte d’un empereur iranien du VIe siècle, il est bientôt transcrit en hébreu, en syriaque, en grec, en arabe, puis en latin. À partir de ces versions, toute une littérature fleurira en Occident grâce à laquelle les contes du Pañcatantra , profondément remaniés et adaptés aux conditions nouvelles, s’intégreront pleinement au trésor culturel des peuples d’Europe: La Fontaine se souviendra encore que la source de certaines de ses fables est «le livre d’un sage de l’Inde».

Le Pañcatantra se présente comme une instruction donnée à un personnage important sur la manière de conduire ses affaires, les raisonnements étant remplacés par des apologues significatifs. Tout porte à croire, d’ailleurs, que la conception originale de l’œuvre fut celle d’une illustration des thèses majeures de l’Artha ご stra de Kautilya (traité d’économie politique du \PANCATANTRA IVe s.). La rédaction qu’on en possède paraît être, en effet, une sorte de résumé populaire d’un recueil «savant» perdu de longue date.

L’ensemble est ordonné en cinq (pañca ) livres (tantra ), chacune de ces parties constituant une pièce de l’enseignement: l’auteur (un certain Vishnu Sharman, dont on ne sait rien) montre d’abord (Ier Livre) les malheurs entraînés par «la discorde entre alliés»; ensuite (IIe Livre), il enseigne comment «gagner des amis»; à partir de là, il explique comment doivent s’organiser «la guerre et la paix» (IIIe Livre) et termine par deux livres que l’on pourrait qualifier de pessimistes s’ils n’étaient pas, en fait, destinés à montrer ce qu’il faut éviter, «la perte de l’acquis» (IVe Livre) et «les conséquences des actes irréfléchis» (Ve Livre). Il est vrai, d’ailleurs, que la «morale» du Panchatantra est, comme celle de l’Artha ご stra , à base de cynisme et donc de pessimisme: les hommes (ou leurs représentants animaux) sont foncièrement mauvais, leurs conduites sont empreintes de cupidité, d’avarice, de mesquinerie; le désir de nuire ou la naïveté imbécile déterminent presque toutes les actions, et ceux qui tentent de faire le bien pour lui-même sont à coup sûr les victimes des habiles. Pareil en cela aux fables de La Fontaine ou aux récits du Roman de Renart , le Pañcatantra met en scène une «ample comédie aux cent actes divers»: les personnages sont parfois des humains (le nigaud trompé par sa femme), mais plus souvent des animaux; lions, tigres, loups, serpents, oiseaux, etc. jouent leur partie avec, pour figure principale, le chacal (devenu le renard en Occident); le chacal symbolise l’astuce sans scrupule, source assurée du succès tant pour lui-même que pour celui qui l’emploie: c’est évidemment le «ministre idéal» dont Kautilya recommande l’engagement par le prince.

Cette œuvre (en prose mêlée de vers) nous renseigne sur la vie quotidienne de l’Inde aux alentours de l’ère chrétienne et sur les mentalités des gens du peuple (artisans, paysans, marchands) aussi bien que des personnages de cour (les rois, leurs gouvernements, leurs plaisirs). À ce titre, le Pañcatantra peut être considéré comme une œuvre maîtresse de la littérature indienne classique.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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